Modération contributive Démosphère, pourquoi, comment?
Les objectifs de la contribution:
- L'évaluation de l'adéquation des événements proposés sur Démosphère avec la charte et l'esprit dans lequel elle est appliquée depuis sa création sur Démosphère Toulouse
- L'argumentation sereine de ces évaluations avec les autres contributeurs
Les problématiques:
- Dans la majorité des Démosphère en France, c'est un collectif réduit qui fait tout. Chercher les RDV à publier, et accepter ou refuser les quelques RDV proposés, mais qui du coup représentent une minorité des RDV publiés. Le tout est un travail important qui demande beaucoup d'énergie, de temps et de rigueur. De nombreux collectifs lancent ici ou là des Démosphère (essentiellement en France, mais aussi Espagne, Grèce, Belgique, et même Chiapas!) une bonne partie s'étiole avant de vraiment fonctionner.
- C'est une spécificité Toulousaine d'avoir, depuis presque sa création, voulu impliquer systématiquement les usagers (organisations et visiteurs) pour publier eux-même tous les événements. Paradoxalement, ça représente beaucoup de travail du collectif Toulousain d'avoir atteint cet objectif qu'aujourd'hui, 99% des RDV soient proposés par les internautes eux mêmes.
- Ce fonctionnement, a apporté une nouvelle problématique, puisque du coup Toulouse se pose la question de publier ou pas pour 99% des événements de l'agenda. La plupart du temps c'est simple, on a des organisations de confiance qui publient, celles qui ne le sont pas (groupes commerciaux, partis politiques hors charte, ...) se découragent généralement après quelques refus. Mais quand ce n'est pas simple... et ben c'est pas simple!
- Nous pouvions en rester là. Démosphère Toulouse fonctionne très bien sans système de collaboration. Les retours sur la qualité sont globalement excellents, et hormis les occasionnels "râleurs" (le collectif se fait régulièrement traiter de tous les noms pour avoir publié ou pas tel ou tel RDV), on n'a aucune pression pour faire évoluer. Pour caricaturer un peu, Démosphère Toulouse était une "dictature éditoriale" dont tous semblaient se satisfaire... sauf nous!
- Nous avons donc cherché moyen de faire collaborer plus de monde. Idéalement à terme, tous ceux qui le voudront! Mais comment faire?
- Nous connaissons de nombreux exemples de modérations collaborative en ligne. Il y a grosso modo 2 grandes familles.
- Ceux qui collaborent "en vrai" via réunions, puis reflètent leur décision par publication ou articles. C'est par exemple le cas de nombreux Indymedia. C'est l'idéal, mais ne colle pas avec Démosphère pour plusieurs raisons. D'abord il y a trop de RDV à valider, il faudrait se rencontrer tous les jours! Malheureusement nous n'en avons pas le temps, ni les moyens.
- Les systèmes de collaboration en ligne ou tout le monde peut publier, donner son avis et voter. Certains sites s'y essaient,par exemple pour de la publication d'article, mais avec un résultat de qualité très variable. Or à voir à quel point on nous reproche certaines décisions de publications, le jour ou tout peut se publier, nous aurions perdu l'esprit de Démosphère. Que diraient nos visiteurs si on commençait à publier des événements commerciaux, des rencontres à caractère raciste ou autre?
- La plupart des systèmes de "débat" en ligne terminent au pugilat écrit, et c'est l'antithèse de ce que nous voulons pour Démosphère dont un des objectifs principaux est la capacité à faire dialoguer des personnes de cultures militantes extrêmement diverses.
- Un des points structurant de cette démarche de modération contributive est la réactivité: il faut que la décision de publication, quitte à être imparfaite, arrive vite car l'objectif premier du site est que les évévements militants soient vus à temps
- Nous nous sommes donc penchés sur des systèmes permettant de construire une certaine confiance avec les gens qui participent, et donnant du poids au plus impliqués, et en accord avec les objectifs de départ. Nous nous sommes un peu inspirés de systèmes comme Yahoo question, stackoverflow. Ils sont basés sur un système de réputation web. C'est vers ce type de modèle que nous avons orienté notre choix car il nous semble le plus adapté (beaucoup de temps et de réflexion à ce sujet, lectures,...)
- Démosphère est 100% bénévole et pas assez nombreux.
- Le collectif technique de Démosphère est réduit, et il est difficile d'exiger d'eux plus que l'énorme travail qu'ils fournissent déjà bénévolement. Il est donc important que nous fassions avec les fonctionnalités techniques actuelles. C'est maintenant le fonctionnement collaboratif que l'on doit affiner pour roder ce système collaboratif qui est une expérience assez unique.
Si Démosphère Paris existe depuis 2007, un bref point historique de Démosphère Toulouse :
- Démosphère Toulouse existe depuis fin 2010 (au moment des mouvements sur les retraites).
- Depuis sa création, le collectif de modération fluctue entre 1 et 6 personnes, aujourd'hui 3 ou 4.
- Dès 2011, appel aux collectifs et visiteurs pour qu'ils publient eux mêmes les événements.
- Arrêt quasi total de toute publication initiée par les modérateurs vers fin 2011.
- Fin 2015, mise en place de la première version de la modération collaborative, une première vague d'invités.
- Fin 2016, après un an de test et de retours, la dernière version de la modération collaborative nous donne tous les outils que nous attendions en particulier l'automatisation de la publication passé un certain seuil d'avis) pour ouvrir à plus de monde, d'où les dernières invitations.
- Notre objectif est de l'ouvrir à toute personne enregistrée qui en fasse la demande aussitôt que possible, grâce à votre aide et à vos retours d'expérience.
Ce contexte présenté, voici comment ça fonctionne sur le principe (sans rentrer pas trop dans le détail technique qui tient des maths et de l'algorithmique).
- Il y a 2 "rôles" dans la contribution. Les modérateurs, et les contributeurs.
- L'objectif de la contribution à Démosphère n'est pas de donner un avis du type "J'aime" ou "J'aime pas", mais d'évaluer à quel point un RDV proposé colle avec la charte Démosphère Toulouse.
- Lorsqu'on débute comme contributeur, on a un poids de 0. Les avis sont donc consultatifs. Mais à chaque nouvel avis, on se construit un "poids", une sorte de karma. Il augmente "mécaniquement" si les avis sont en accord avec la décision finale du collectif de tous les contributeurs. Nous sommes en train de tester plusieurs paramètres, mais avec le paramétrage actuel, il faut une soixantaine d'avis à peu près en accord avec les décisions finales pour atteindre le maximum de poids.
- Les contributeurs voient leur "poids" avec les étoiles qui apparaissent à côté de leur nom sur les avis.
- Lorsqu'un contributeur a atteint ce poids maximum, il a le même poids que les modérateurs.
- Le meilleur moyen pour un contributeur d'assurer d'augmenter en poids est de regarder leurs avis passés, en particulier ceux pour lesquels leur avis est en désaccord avec la décision finale pour comprendre les publications ou refus. Chaque avis en désaccord fait perdre du poids. Plus l'écart est grand, plus la perte d'avis est importante. Par exemple un avis +3 sur un RDV dont la moyenne finale des avis est -3, fait perdre beaucoup de points, il faudra de plusieurs avis en accord pour récupérer.
- Pour assurer que tout ne soit pas automatisé au point de la robotisation, il y a aussi un mécanisme "manuel" qui permet aux modérateurs d'enlever ou d'ajouter des points sur un avis. L'objectif est de noter la capacité au dialogue serein. On s'en sert concrètement très peu, mais l'objectif serait essentiellement de pénaliser un avis ou le contributeur aurait été dans la confrontation (insultes, soupçon, invectives, menaces...) plutôt que dans le dialogue. On pourrait aussi au contraire mettre un bonus à quelqu'un dont l'avis est contraire à la décision, mais qui a pris le temps d'argumenter de façon sereine et constructive. On utilise encore peu ce mécanisme manuel mais important donc, et pourrait le devenir d'autant plus au fur et à mesure qu'on ouvrira à plus de personnes si on veut maintenir un dialogue constructif.