samedi 29 janvier 2011 à 17h
Rencontre/Livre : Jacques Hassoun… de mémoire. Actualité de la transmission
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Jacques Hassoun en portrait. Rencontre à l'occasion de la parution du livre Jacques Hassoun… de mémoire. Actualité de la transmission. (Collectif sous la direction de Claude Spielmann/Editions Érès). En présence de Pascale Hassoun, Cécile Casadamont, Bernadette Sauzin et Claude Spielmann, psychanalystes, Membres du Cercle freudien, et Habib Samrakandi, revue Horizons Maghrébins. La rencontre sera précédée d'une projection d'extraits du film de Paul Perez, Jacques Hassoun… de mémoire.
Jacques Hassoun, né en 1936 à Alexandrie, a profondément marqué la psychanalyse lacanienne par ses apports sur la mélancolie. Il est l'auteur de très nombreux livres, aux objets divers, psychanalyse, histoire, mémoire, origines, exil… Jacques Hassoun est mort en 1999.
En ce 21e siècle, la tentation de juguler toute incertitude, la recherche crispée du risque zéro, participent de la mélancolisation des sujets de moins en moins citoyens, de plus en plus interdits de paroles et de pensées non conformes. En retour, se développe une cruauté croissante où le repli sur soi, sur sa communauté, s'accompagne de surdité et d'exclusion. Qu'en est-il alors du statut du sujet ? J. Hassoun, psychanalyste, écrivain, intellectuel engagé et militant politique aurait-il, en son temps, annoncé l'une ou l'autre de ces questions ? 10 ans après sa mort, quel regard porter sur ce qu'il a transmis ?
L'œuvre de J. Hassoun est marquée d'un entrecroisement entre son expérience personnelle et les différents champs culturels. Juif égyptien, il n'a jamais cessé de se déplacer à l'intérieur de sa propre culture. L'expérience de l'exil lui était aussi bien une épreuve, qu'une dynamique. J. Hassoun pensait les identités ancrées dans un lieu d'origine et dans une pluralité, comme autant d'expériences en constante évolution. Savait-il qu'il se qualifiait lui-même de contrebandier en intitulant l'un de ses livres Les Contrebandiers de la mémoire : la transmission emprunte toujours des chemins détournés et opère à l'insu des protagonistes. La contrebande prend ainsi sens de dissidence et d'écart nécessaires. Sa fidélité au marxisme ne le rendait pourtant pas dupe de cette utopie qui restait pour lui une colère porteuse. Il n'a cessé de faire travailler ensemble, sans les confondre, le champ du subjectif et celui du politico-social, en restant au plus près de la psychanalyse comme subversion, nous invitant encore, comme lui, à tenir bon sur la présence vivante de la psychanalyse dans les institutions psychiatriques et médico-sociales.
La passion de Jacques Hassoun pour le sujet en devenir n'oubliait pas la personne en laquelle ce sujet se débat. Passion aussi pour les oxymores (cruauté mélancolique, passions intraitables, [enfant-mort]…) par lesquels il transmettait le vif de sa position. Passion enfin pour les mots. Ainsi sa pensée se constituait-elle dans l'acte même de parole et d'écriture, pour reforger à son usage les concepts psychanalytiques.