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vendredi 12 février 2016 à 9h

Procès des Habitant.e.s du Collectif Lascrosses REPORTÉ

Nous sommes des gens en galère, des chômeurs, des femmes seules, des familles avec enfants, des travailleur-se-s pauvres, des étudiant-e-s précaires, des personnes âgées et de différentes régions du monde. Notre point commun est celui de ne pas avoir de logement depuis bien trop longtemps. Nous avons donc décidé de nous organiser par nous-même pour appliquer, ici et maintenant, notre droit à vivre dignement.

Le 4 septembre 2015, nous avons pris l'initiative de réquisitionner le bâtiment vide et voué à être démoli situé au 20 rue du Général Hoche, propriété d' Habitat Toulouse, Bailleur social qui possède plus de 17 500 logements dans la ville et qui compte parmi les membres de son Conseil d'Administration nombre d'élus de la mairie de Toulouse, proches collaborateurs de Jean-Luc Moudenc.

Dès notre arrivée, nous avons dû mener une longue campagne de résistance et de mobilisation, afin de récupérer l'eau et l'électricité qui nous avait été coupé par les propriétaires, procédé utilisé pour nous faire sortir des lieux et donc nous remettre à la rue. Après avoir directement interpellés le maire de la ville, et grâce au soutien de nombreux-se-s associations, collectifs et individus, nous avons donc réussi à leur faire entendre raison, et depuis, nous y vivons paisiblement, retrouvant enfin ce répit et cette stabilité indispensables pour avancer dans nos projets de vie ainsi qu'une sérénité inaccessible quand on vit à la rue.

Mais voilà qu'une nouvelle menace plane maintenant sur nos têtes. Nous sommes assignés au tribunal le vendredi 12 février. En plus de demander notre expulsion immédiate et dans une logique bien à eux, le bailleur social demande également des indemnités exorbitantes aux habitant.e.s à raison de 510 Euros par mois passés dans l'immeuble. Ils veulent faire valoir le préjudice de l'occupation « illégale » qui les empêcheraient de louer les appartements et donc de percevoir un loyer, alors même qu'ils ont fait évacuer l'ensemble du bloc dans le but de le démollir, et donc que clairement, ceci étaient voués à rester vides.

A cela s'ajoute une crédibilité plus que douteuse de la part de l'huissier qui rappelons le, est une personne assermentée et donc qui a le devoir d'être impartial. En effet, sur toutes les assignations établies, tous les habitant.e.s (même ceux qui ne maîtrisent pas bien le français) auraient déclarer en utilisant le même terme emprunté au jargon juridique « Nous affirmons que nous sommes rentrés par voie de fait »... Rappelons encore une fois que l'utilisation du terme « voie de fait » permet la suppression de la trève l'hivernale et de tout autre délai devant un tribunal, c'est bien accommodant..

Toujours dans une logique de dialogue, nous espérons malgré tout, qu'Habitat Toulouse soit ouvert à la discussion et entende notre demande de rester dans les lieux jusqu'à la fin de l'année scolaire pour ne pas perturber les enfants et nous laisser le temps de nous retourner. Si Habitat Toulouse dit vouloir démolir ce bâtiment, cela est techniquement impossible dans l'immédiat car outre nous, une dernière famille de locataire pas encore relogée, vit toujours dans un des 3 immeubles accolés au bâtiment dans lequel nous vivons... De plus, nous faisons appel à la responsabilité politique d'Habitat Toulouse et des élus municipaux qui ont un pouvoir décisionnaire au sein de cette structure.

Nous expulser serait donc faire le choix et prendre la responsabilité active de mettre 70 personnes dont une vingtaine d'enfants à la rue et dans l'insécurité la plus totale pour laisser des logements vides, tout en sachant que de plus en plus de gens dorment dehors toutes les nuits sur Toulouse.

Lien : https://toulouse.demosphere.net/rv/12355
Source : message reçu le 11 février 10h