lundi 14 février 2011 à 18h
Rencontre/Livre - Histoire comme champ de bataille
https://toulouse.demosphere.net/rv/1306
Rencontre avec Enzo Traverso autour du livre L'Histoire comme champ de bataille / interpréter les violences du 20e siècle (éditions La Découverte).
Né en Italie en 1957, Enzo Traverso est professeur de science politique à l'université de Picardie. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, traduits en une douzaine de langues. Parmi ses derniers travaux La Violence nazie (La Fabrique, 2002), À feu et à sang. La guerre civile européenne 1914-1945 (Stock, 2007). À La Découverte, il a publié Les Juifs et l'Allemagne (1992) et Siegfried Kracauer. Itinéraire d'un intellectuel nomade (1994, rééd. 2006).
En 1989, la chute du mur de Berlin a clôturé le 20e siècle. Ce qui, jusqu'à la veille, palpitait dans le présent, est soudainement apparu comme appartenant à l'histoire. Profondément affectée par cette rupture. La manière de penser et d'écrire l'histoire du monde contemporain s'est modifiée. Les clivages figés de la guerre froide ont laissé la place à l'histoire globale qui, au lieu d'un siècle divisé en blocs, voit un réseau d'échanges économiques, de transferts démographiques, d'hybridations culturelles à l'échelle de la planète. L'histoire structurale, axée sur la longue durée, a fait place à un retour de l'événement, avec ses contingences et ses énigmes. La mémoire, finalement, est devenue un prisme privilégié de perception du passé. Une fois entrée dans l'atelier de l'histoire, elle a redessiné le profil du 20e siècle comme âge de la violence et des victimes.
Ce livre part d'un bilan de l'œuvre d'Éric Hobsbawm, qui est aussi le miroir d'une école historique et d'une génération intellectuelle marquée par l'engagement politique. Il aborde ensuite d'autres grandes catégories interprétatives, tant anciennes (révolution, fascisme) que nouvelles (biopouvoir). Il interroge le comparatisme historique, d'abord en étudiant les usages de la Shoah comme paradigme des génocides, puis en mettant en parallèle l'exil juif et la diaspora noire. Il analyse enfin les interférences entre histoire et mémoire. L'histoire s'écrit toujours au présent : c'est bien ce lien matriciel entre le monde de l'historien et son écriture du passé que ce livre questionne.