mercredi 30 novembre 2016 à 20h30
atelier-débat d'Espaces-Marx sur "Actualité de Gramsci"
https://toulouse.demosphere.net/rv/14211
Espaces Marx
vous invite à participer à l'atelier-débat animé par Luc Brossard sur
"Actualité de Gramsci"
(à partir de "Etudier Gramsci" du philosophe André Tosel)
Mercredi 30 novembre 2016 de 20h30 à 23h à la Maison des Associations (salle de 35 places)
3, place Guy Hersant, Toulouse (entrée, face au 75 de la rue du Férétra, Métro Empalot)
André Tosel, fin connaisseur de Gramsci, nous invite à réfléchir sur les concepts produits par le cofondateur du Parti Communiste Italien (PCI), mort dans les geôles fascistes en 1937 : c'est l'auteur italien moderne le plus cité dans le monde ! En France, ses thèses portant sur les concepts de bloc historique, d'hégémonie, d'historicisme, de théorie de la praxis, etc., ont été discutées dans les années 1960-80 notamment par Althusser. Pourquoi ces concepts sont-ils encore d'actualité que ce soit en Amérique latine mais aussi dans les pays anglo-saxons et en Europe ?
Tosel insiste sur la critique gramscienne du mythe positiviste et d'un déterminisme historique qui ferait se succéder des époques de production, y compris dans certains écrits de Marx. Cela a contribué à paralyser « le socialisme … par sa propre foi en la science et en la science de l'histoire ». Gramsci y oppose l'imprévisibilité de l'histoire pour mieux souligner l'importance du hasard auquel la détermination politique doit savoir s'adapter. Tosel fait un retour critique sur la critique faite par Althusser de l'historicisme, en revisitant cette théorie de l'histoire. Il concentre son attention sur le concept de révolution passive associée à la guerre de positions que Gramsci distingue de la guerre de mouvement qui n'aurait plus lieu d'être après les échecs de 1830, 1848, 1871, etc.
Car pour Gramsci, toute domination ne peut perdurer que si se renouvelle l'hégémonie idéologique et culturelle nécessaire à la domination politique de la société. Dans les années 192030, les deux formes de la révolution passive furent le fascisme italien et le fordisme étatsunien. Toutes deux visaient à produire un conformisme de masse et une réforme intellectuelle et morale visant à maintenir la multitude dans la passivité et à neutraliser toute opposition populaire. Si le fascisme est une réponse européenne de type étatique, le fordisme étatsunien fut construit par des intellectuels organiques, organiquement liés à la production industrielle.
Actuellement, la révolution passive capitaliste génère une violence inédite pour s'assurer le contrôle de marchés mondialisés, violence qui est le produit de l'hégémonie néolibérale qu'a su développer un capitalisme financier : la révolution passive est ainsi une contre-révolution du capitalisme pour mieux répondre à sa crise d'hégémonie afin d'empêcher toute contestation de la part d'opprimés qui doivent rester soumis et ne pas prétendre à imposer leur propre hégémonie.
Alors que nous vivons la contre-révolution néolibérale (dernier grand récit à prétention universelle selon le philosophe Pierre Musso), la lecture de Gramsci s'avère tout à fait actuelle, à condition de s'emparer de ses concepts et de les actualiser.
Luc Brossard, d'Espaces-Marx
Lien : https://toulouse.demosphere.net/rv/14211
Source : message reçu le 21 novembre 14h