jeudi 25 janvier 2018 à 20h30
Antonio Gramsci, une pensée révolutionnaire par le philosophe Jacques Ducol
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"Pour vingt ans nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner"
C'est par ces mots que le représentant du ministère public, Michele Isgrò commente la sentence qui, le 4 juin 1928, condamne Gramsci à une peine de 20 ans 4 mois et 5 jours de prison. Pourquoi un tel acharnement ?
Parce que Mussolini savait combien pouvait être « dangereux » pour le pouvoir fasciste et pour les classes possédantes, un révolutionnaire, secrétaire général du jeune Parti Communiste d'Italie, qui savait allier de façon aussi magistrale profondeur théorique et volonté politique, vision stratégique et habileté tactique.
En Gramsci, l'homme de culture et le dirigeant communiste ne font qu'un : en effet, ce n'est pas seulement pour se faire l'historien de la République jacobine ou du Risorgimento, par exemple, que Gramsci s'intéresse à ces grands moments de l'histoire européenne, mais c'est aussi, et surtout, pour examiner et comprendre comment, dans des conditions historiques déterminées, se sont construites ces volontés collectives qui sont les véritables actrices de l'histoire. Et construire une nouvelle volonté collective capable de renverser la domination planétaire du capitalisme libéral afin de réaliser l'émancipation de chacun-e comme de tou-te-s, n'est-ce pas le problème politique majeur de notre époque ?
La pensée de Gramsci peut nous aider à le résoudre : c'est en cela que par beaucoup d'aspects elle est toujours vivante.
Dans une fresque plus aisément accessible que l'Etudier Gramsci d'André Tosel, Jacques Ducol, après avoir évoqué la vie de Gramsci avant son incarcération, analyse sa contribution à l'étude du fascisme, de l'expansivité bourgeoise, de la crise organique du capitalisme à son époque, de ce qu'il entend par hégémonie et par rôle des intellectuels, des rapports entre religion et politique, des perspectives révolutionnaires nouvelles (bloc historique permettant de dépasser l'opposition structure/superstructures, unité dialectique de la Société civile et de l'Etat, guerre de position et guerre de mouvement), du Prince moderne (de la verticalité à la centralité), de la philosophie de la praxis, de ce chantier permanent qu'est l'homme et … la femme !