lundi 18 avril 2011 à 20h30
projection débat "Cheminots"
https://toulouse.demosphere.net/rv/1771
Lundi 18 avril à 20h30 à Toulouse, séance unique suivie d'une rencontre avec Henri Célié, syndicaliste et membre d'ATTAC (achetez vos places à partir du 9 avril).
cheminots
Luc JOULÉ et Sébastien JOUSSE - documentaire France 2010 1h20mn - avec des cheminots de la Région PACA et la participation exceptionnelle de Ken Loach, Raymond Aubrac et l'historien Robert Menchérini...
Du 18/04/11 au 18/04/11 à Toulouse
Les cheminots sont souvent en première ligne dans les mouvements de contestation, donc de grève. On connaît la sémantique des présentateurs télé, à coup de « corporatisme », « usagers pris en otages », « privilèges sociaux », etc. Les préjugés, peut être plus que sur tout autre métier, vont bon train (c'est facile comme jeu de mots, je sais). Mais que sait-on d'eux réellement ? Pas grand chose. Quelle est l'évolution de leur condition et l'impact sur les usagers de l'ouverture à la concurrence du transports des voyageurs (pour le fret, c'est déjà le cas depuis 2007, dans l'indifférence presque générale) ?
L'immense mérite de ce film, initié par le Comité d'Entreprise SNCF de la région PACA, est de montrer avec précision et sans manichéisme les cheminots dans toute la diversité de leur travail. Des cheminots filmés entre 2006 et 2009, période charnière parce qu'elle a vu l'ouverture à la concurrence du privé pour le fret et un certain nombre de transformations fondamentales.
On voit se dérouler le travail au quotidien et contrairement à ce qu'on pourrait craindre, c'est palpitant. Au diable les préjugés colportés par la propagande anti-syndicale : être cheminot est un métier trépidant, nécessitant une sacrée dose d'initiative et de sang froid. On découvre un chef d'escale jonglant avec les téléphones pour assembler des trains malgré le matériel défectueux, un agent organiser une « correspondance sauvage », allant jusqu'à repérer les voyageurs en perdition. On voit à l'œuvre des gens amoureux de leur travail, pleins d'envies et d'imagination.
Mais peu à peu la machine à détruire la motivation se met en marche : c'est la dévalorisation par la sectorisation de plus en plus grande des tâches, c'est cet isolement croissant ayant pour but le passage vers la privatisation de certains secteurs, comme dans cette scène ubuesque où le conducteur d'une locomotive Veolia avance tel un fantôme, sourd aux consignes, dans la gare de triage de Miramas, ou encore cet agent commercial dépressif de la hotline IdTGV qui annonce à un client incrédule qu'à la SNCF il n'existe pas.
Et tout cela est d'autant plus terrible que les réalisateurs ont l'intelligence de le remettre dans une perspective historique, avec le témoignage de Raymond Aubrac, qui rappelle combien la SNCF a été considérée par le Conseil National de la Résistance comme les artères et les veines de la France. Ou dans une perspective internationale quand les cheminots constatent, en regardant The Navigators, le film de Ken Loach, les conséquences tragiques de la privatisation en Angleterre, autant pour les usagers (le train anglais est probablement un des moins sûrs d'Europe) que pour les cheminots définitivement précarisés. Et là ils prennent conscience (et nous avec) que cette privatisation vampire qui ne dit pas son nom sonne le glas d'une certaine conception du service public et d'un organisme de transport ferroviaire au service de tous.