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lundi 27 janvier 2020 à 20h45

Emmanuel Macron et l'illusion du "en même temps"

Entrée libre

Profitant de l'usure du pouvoir du parti socialiste, des casseroles judiciaires du candidat de droite et de la défiance généralisée à l'égard de la politique, Emmanuel Macron a réussi à fédérer pour l'élection présidentielle la droite libérale et une frange importante du parti socialiste. Cela ne représentait que 18% des inscrits, mais le fonctionnement de notre système électoral lui a permis de prétendre que le choix politique essentiel pour la France se réduisait à la lutte entre les libéraux et les souverainistes de droite.

Dès le début, LREM a eu le soutien des classes aisées et diplômées, catégorie que l'on qualifiait dans le temps de bourgeoisie progressiste. La gestion très répressive de la crise des gilets jaunes, même si elle a mis mal à l'aise les transfuges du parti socialiste, a permis de rallier à ce projet libéral une bonne partie de la droite étatique. Le "en même temps" signifie maintenant que la politique suivie est à la fois libérale et autoritaire, donc totalement de droite, et non à la fois de gauche et de droite. La droite conservatrice, voire traditionnelle, représentée aux élections européennes par François-Xavier Bellamy, n'apprécie pas les réformes sociétales, mais elle soutient implicitement les autres orientations.

L'analyse des réformes proposées, tant au niveau fiscal que social, confirme l'engagement du gouvernement en faveur des "gagnants" du système économique au détriment des classes moyennes et populaires. Après avoir affaibli le droit du travail, préparé la privatisation du transport ferroviaire et baissé les droits des chômeurs, le gouvernement veut "sauver les retraites". Le mantra principal de cette réforme énoncé par Emmanuel Macron lors de la campagne électorale de 2017 : "un euro cotisé donne le même droit pour tous" est philosophiquement en contradiction avec la nécessité de compenser les aléas de la vie, les conditions difficiles de certains métiers ou l'équilibre dans certains métiers entre les salaires directs et différés. Ce choix de réforme, qui ouvre largement la porte à la capitalisation pour les hauts revenus, ne fait en son principe qu'entériner les inégalités sociales et correspond totalement à la vision individualiste défendue par les libéraux. Le passage en force du gouvernement, qui confond informer et négocier, satisfait ceux qui aiment bien l'autoritarisme. Le mépris du peuple s'entend lorsqu'il considère que l'acceptation de la réforme n'est qu'une question de pédagogie, comme si les travailleurs n'étaient pas capables de comprendre l'orientation des projets de lois. La destruction des acquis sociaux, au nom d'une adaptation à la concurrence mondiale, semble être la principale boussole de ces réformes successives.

Les classes populaires pourtant très majoritaires dans le pays sont divisées entre ceux qui ne votent pas ou ne sont même pas inscrits sur les listes électorales, ceux qui croient qu'en fermant les frontières on pourra les protéger des effets négatifs de la globalisation et enfin ceux très divisés, au niveau organisationnel, qui se réclament de "l'écosocialisme". C'est ce morcellement qui permet pour l'instant au gouvernement de continuer une politique objectivement minoritaire.

Au bilan, le "en même temps de gauche et de droite" a permis à Emmanuel Macron de faire une OPA sur le système politique français, mais ne permet pas, loin de là, de préparer notre société aux défis écologiques, économiques et sociaux du moment. Pire, en affirmant sous le prétexte de modernisation sa volonté de détricoter les acquis du Conseil National de la Résistance, Emmanuel Macron brise le consensus social et favorise les tensions entre les élites et le peuple. Cette stratégie électorale qui se voulait consensuelle ne fait que favoriser l'extrême droite, provoquer des conflits sociaux, affaiblir la place de la France sur la scène internationale et compromettre l'avenir des français.

Nous vous invitons à venir nombreux débattre sur ce thème qui ne fait pas consensus.

Deux contributions au débat :

- Le marché financier à l'assaut du Bien commun

http://lecafepolitique.free.fr/spip.php?artic… par Mohamed El Bachir

- La fin de l'idéal républicain et l'avènement de la démocratie libérale musclée

http://lecafepolitique.free.fr/spip.php?artic… par François Saint Pierre

Lien : https://toulouse.demosphere.net/rv/21601
Source : http://lecafepolitique.free.fr/spip.php?rubri…
Source : message reçu le 10 janvier 12h