mardi 1er décembre 2020 à 12h30
Rassemblement Journée Mondiale de Lutte contre le VIH/Sida
https://toulouse.demosphere.net/rv/22745
VIH/sida : Organiser la riposte par temps de COVID
Act Up Sud-Ouest est en colère. Comment dire la gravité de la crise que nous traversons, nos inquiétudes et notre rage face à la situation ? Depuis plusieurs années, les différents gouvernements, de droite et identifiés de gauche, n'ont eu de cesse de mettre à mal les services publics, et notamment l'hôpital et la sécu. Les conséquences de cette politique, engendrant des inégalités sociales et aggravant les difficultés de fonctionnement de l'hôpital public, éclatent au grand jour avec l'épidémie de COVID-19 et l'instauration de l'État d'urgence sanitaire. Année après année, les politiques d'austérité afin de faire des économies sur le financement de la sécurité sociale sont appliquées. Pour la branche concernant l'assurance maladie qui finance l'hôpital public cela s'est traduit par 69000 fermetures de lits en 15 ans (de 2003 à 2017) et plus de 50000 suppressions de postes en 5 ans (de 2008 à 2013). Le président Macron et les gouvernements Philippe et Castex accentuent ces politiques de casse de la sécurité sociale en supprimant une partie des cotisations qui servent à son financement. Les conséquences pour les usagerEs du service public de santé sont aussi catastrophiques : augmentation du reste à charge (forfait divers, franchises médicales, dépassement d'honoraires, augmentation du prix des mutuelles), délais de prise de rendez-vous en constante augmentation, fermeture des hôpitaux et/ou services de proximité. La crise sanitaire du COVID-19 a accentué ces difficultés et a tellement aggravé les conditions de travail des personnels soignants que l'hôpital public doit faire face maintenant à des démissions de ces personnels. En réponse à cette situation, le président Macron, et le gouvernement Castex nous ont fait de la communication autour du plan Ségur qui a servi surtout à masquer la non prise en compte des revendications des hospitalierEs. Dernièrement, le Ministre de la santé Véran s'est mis en scène, feignant la colère, lors d'une intervention à l'Assemblée Nationale où il a décrit la réalité des difficultés que vivent les personnels soignants et les usagerEs qu'il avait visitéEs dans la journée. Il a juste oublié de préciser que cette situation est la conséquence de sa politique de santé maintenue par les députéEs LREM qui ont voté la baisse du financement de la sécurité sociale et de l'hôpital public pour 2021. Leur cynisme n'a pas de limite.
À Toulouse, malgré les interpellations incessantes de la part des associations de lutte contre le VIH/SIDA, l'unique centre de dépistage public, le CeGIDD, n'a ni la taille ni les moyens de répondre aux besoins de la population de la 4e ville de France. Pendant le confinement du printemps, et malgré les recommandations de la Haute Autorité de Santé pour la continuité des soins, la continuité de l'accès au dépistage, et la continuité des initiations de PrEP, le CeGIDD de Toulouse n'a pas suivi. Ailleurs en France, des solutions ont été envisagées, à Toulouse rien. L'accueil s'est limité aux urgences, avec des critères flous, illisibles même pour les militantEs forméEs à la lutte contre le VIH. Et pourtant, touTEs les professionnelLEs de la lutte contre le SIDA ont vu que la période de confinement était une opportunité inédite de casser les chaînes de transmission du VIH et des IST. Pendant deux mois, l'activité sexuelle a été réduite. Ça aurait été le moment idéal pour proposer à tout le monde, et surtout aux populations les plus touchées par le VIH, de faire un bilan complet, rapidement, avant la reprise du travail du sexe, des plans culs, des plans chems et des rencontres. D'autant plus que l'on sait maintenant que les IST ont augmenté durant le confinement ! Au contraire, dans cette période cruciale de déconfinement, le CeGIDD de Toulouse n'était toujours pas au rendez-vous. Manque de personnel, arrêts maladie non remplacés, standard téléphonique injoignable : le CeGIDD ne remplit pas ses missions de service de santé, faisant du recours au dépistage et de l'accès aux outils de prévention combinée un parcours du combattant, trop souvent décourageant. Combien de personnes abandonnent leur démarche en cours ? Combien remettent à plus tard des consultations qui sont essentielles ? Encore une fois, c'est comme si la santé sexuelle, accessible à toutes et tous, était une option dont on peut se passer.
La lutte contre le SIDA est en danger. En France, les associations et les missions de recherche sont tributaires de financements privés via les dons. Plusieurs grands événements de levée de fonds, le Sidaction et le festival Solidays, n'ont pas eu lieu cette année. Quels seront les budgets de demain ? Combien de programmes de recherche, d'actions associatives, n'auront pas lieu ? Pire, les priorités de santé sont revisitées. Des fonds destinés à la lutte contre le VIH sont réattribués à la lutte contre la pandémie de COVID-19. Au lieu de s'engager sur des fonds exceptionnels de crise sanitaire, et d'un nouvel effort de solidarité internationale, de nombreux pays ont simplement été autorisés à réemployer les ressources financières du Fonds mondial de lutte contre le SIDA pour financer la lutte contre le COVID-19. Combien de soins et de mesures d'aides essentielles à la survie des personnes vivant avec le VIH sont perturbés ou arrêtés ? Environ 2000 personnes meurent encore chaque jour dans le monde des suites du SIDA. On aurait tous les moyens pour éviter ces morts : la prévention, les traitements préventifs, les trithérapies qui permettent de vivre avec le VIH. La lutte contre le VIH doit rester une priorité de santé publique. Une épidémie ne peut pas en effacer une autre.
Que dire enfin de l'inaction publique et du manque de moyens concernant les enjeux majeurs de santé qui touchent nos communautés : la santé mentale, les politiques de réduction des risques, les addictions et la lutte contre la précarité… Que dire des politiques d'austérité qui sont toujours là, des politiques racistes envers nos frères et sœurs migrantEs, que dire face à toutes ces politiques qui sont vectrices de l'épidémie de VIH ? Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore : Act Up Sud-Ouest est toujours là, toujours en colère, toujours prête à lutter et se battre !
Rendez-vous le 1er décembre à 12h30 place du Capitole, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, pour un rassemblement revendicatif et une action symbolique participative.
Lien : https://toulouse.demosphere.net/rv/22745
Source : https://www.facebook.com/events/1072845763158…
Source : message reçu le 18 novembre 13h