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mardi 23 janvier 2024 à 20h30

conférence-débat : Réalisme climatique et luttes antifascistes

Avec Pierre Montebello, professeur de philosophie l'Université Toulouse 2.

Dans son livre, Avis de tempête nature et culture dans un monde qui se réchauffe, Andreas Malm propose de revenir sur des principes théoriques fondamentaux qui doivent guider l'action contre le réchauffement climatique. Il prend à parti certains énoncés répétés ad nauseam et qui saturent le champ théorique de l'écologie militante et d'un nouveau néo-matérialisme radical, surtout dans les études anglo-saxonnes (mais françaises aussi) : la nature n'existe pas, qu'il n'y a que des hybrides nature-culture, tout est puissance d'agir si bien que l'action humaine sur le climat est à relativiser. En, toile de fond, l'usage d'un Latour, assez méconnaissable il faut bien le dire, que Andreas Malm reçoit à travers ces études très déformantes et parfois d'une exagération totale. Quel est l'usage militant de tels énoncés, quelle est est leur valeur d'usage dans la lutte contre le réchauffement climatique, c'est précisément le sens de l'interrogation d'Andreas Malm qui passe au tamis critique des thèses dépourvues de tout sens pour une lutte devenue pourtant urgente ?
Au fond ce questionnement est aussi le nôtre aujourd'hui : quel usage de Latour qui soit réellement efficace, qui produise des effets pratiques et non des déclarations dont la valeur pratique est à peu près nulle. Mais n'oubliions pas pour autant que dans ce débat virulent mené par Andreas Malm, celui-ci affronte une sorte de double fantasmatique de Latour, plutôt monstrueux, qui ne ressemble en rien à ce que proposait exactement Latour, ce dont Andreas Malm ne semble pas non plus avoir clairement conscience. Nous nous proposons de revenir sur ces thèses qui constituent une sorte de vulgate théorique dont il faudra bien réussir à se défaire, comme le dit Malm, si l'on veut s'orienter vers un réalisme climatique et une lutte plus que nécessaire contre le réchauffement climatique.
Car c'est surtout un enjeu politique global qui se dessine dans le livre de Malm. Le réalisme climatique qu'il revendique s'accompagne nécessairement d'une lutte contre la montée en puissance du couple autoritarisme et négationnisme climatique, lequel ne sert que les intérêts d'un capitalisme fossile prêt à se chausser des bottes du fascisme, partout dans le monde. Revenir à un réalisme climatique doit désormais s'entendre aussi comme nécessité « de développer un antifascisme militant et efficace ». Cette conjonction forcée entre réalisme climatique et nécessaire antifascisme est sans doute notre nouvel horizon.

Lien : https://toulouse.demosphere.net/rv/28952
Source : https://universitepopulairetoulouse.fr/
Source : message reçu le 15 janvier 17h