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vendredi 7 mars 2025 à 20h30

Film: Bogre le christianisme cathare dans l’Europe médiévale + rencontre

Vendredi 7 mars à 20h30 à Tournefeuille, séance suivie d'une rencontre avec Patrice Teisseire-Dufour auteur du dictionnaire du catharisme édité chez Privas et du distributeur du film, Francis Fourcou.

Places disponibles au cinéma et sur festik.net aux tarifs habituels. Patrice Teisseire-Dufour sera dès 19h30 dans le hall du cinéma avec quelques uns de ses ouvrages pour une séance signature.

(Bougre) Fredo Valla - documentaire Italie 2024 1h33mn

Attention ! Atencion ! Avec le mot « cathares », gaffe où tu mets les pieds, tu dois veiller aux guillemets avant et après. Cher toulousain, tu te sens « cathare », (comme disaient Yves Rouquette ou Nelli), tu entonnes le refrain du Se Canto et tu manges des chocolatines. Tu ne cherches pas le trésor des albigeois chaque wouiquènde, mais pourtant, à ce mot de « Cathare », tu penses à des balades vers ces magnifiques châteaux, Montségur, Peyrepertuse… Et bien camarade « Cathare », tu as tout faux ! Si l'on en croit certaine exposition montée à Toulouse cette année, les « Cathares », donc, sont une invention complotiste de l'église catholique du XIIIe siècle, destinée à s'inventer un ennemi, l'hérétique, dans le but d'assoir un pouvoir sans limites (on résume). Les « Cathares » n'ont jamais existé - fermez le ban.
Or voilà un film au titre à la fois étrange et familier, Bogre (prononcez bougre) qui, justement, se présente comme un passionnant voyage à travers les siècles et le continent européen sur les traces des Cathares (laissons tomber ces guillemets pénibles) - ou des Bogomìles. Des hérétiques chrétiens qui se sont répandus au Moyen-Âge des Balkans à l'Europe occidentale. De la Bulgarie à l'Occitanie en passant par l'Italie du Nord, au travers de témoignages puissants et enracinés dans les cultures balkanique et occitane, le film raconte l'expansion puis la féroce répression de cette hérésie qui, loin d'être isolée, forgea les résistances du Moyen-Âge à la toute-puissance de l'église catholique.
Bogre pose de grandes questions, dont celle de la foi et des croisades, qui au nom de la reconquête de Jérusalem, exportèrent la violence européenne au Moyen-Orient. Un déchaînement de violence également porté, c'est moins connu, en Occitanie où, de 1209 à 1249, se déroula la Crosada, la seule croisade en terre chrétienne de l'histoire de l'église catholique… Réalisé par un italien, Fredo Valla, Bogre parle toutes les langues - bulgare, français, occitan…- et va surtout parler à votre cœur et à votre intelligence. Mine passionnante d'informations sur le Catharisme, il nous raconte avec force détails et évocations poétiques la destinée passionnante et terrible des bons hommes, ces hérétiques d'hier brûlés sur les bûchers qui étaient dressés à nos portes à Lavaur, aux Cassès, à Montségur ou à Béziers… et aujourd'hui toujours vilipendés dans le langage commun, à grands renforts de « bougres » et de « bougresses » du plus mauvais effet.

Aux sources connues à l'époque classique, littéraires, diplomatiques, polémiques, judiciaires (de l'Inquisition), est venue s'ajouter toute une littérature religieuse cathare originale, redécouverte peu à peu depuis la fin du XIXe siècle. Ces Traités et Rituels, permettent de connaître de l'intérieur les modes, croyances et pratiques d'une Église chrétienne médiévale dissidente. Si l'Eglise romaine médiévale avait ourdi le complot d'inventer de toutes pièces une menaçante dissidence, on voit mal comment elle l'aurait dotée d'une religiosité aussi positive. Rien de menaçant dans les textes cathares. Quant à la variante excluant d'Occitanie les cathares, qu'il suffise de faire remarquer que non seulement la grande majorité des documents, tous types confondus, concernent justement le Pays d'Oc et l'Italie, mais que la majeure partie des textes cathares est rédigée en occitan. Quant à l'emploi du mot « cathare », il ne procède aujourd'hui que d'une convention historiographique. Son faible emploi médiéval en pays d'Oc par et pour des religieux qui, comme chacun sait, ne se nommaient eux-mêmes que Chrétien(ne)s ou Bon(ne)s Hommes/femmes n'a aucune signification. L'acception religieuse du terme Bon Homme (et surtout Bonne Femme), n'est plus à prouver. Anne Brenon, À la rencontre des Bons Hommes - magazine Historia 2023 (extraits)

Lien : https://toulouse.demosphere.net/rv/31791
Source : message reçu le 2 mars 16h