thème :   le plus vu
Réagir (0)EnvoyeriCalPartager

dimanche 15 janvier 2012 à 10h

Projection débat : Smaïn, cité Pablo Picasso

Dimanche 15 Janvier à 10h à Tournefeuille, petit-déjeuner en compagnie d'Anna Pitoun, réalisatrice, et projection unique de son film (comme d'hab, on offre le café, vous amenez les croissants).

Smaïn, cité Pablo Picasso

Anna PITOUN - documentaire France 2011 54mn -

Du 15/01/12 au 15/01/12 à Tournefeuille

SMAÏN, CITÉ PABLO PICASSOTARIFS :
TARIF NORMAL : 6€
ABONNEMENT : 45€ (10 places)
Séance sur fond gris : 4€

Anna Pitoun est une documentariste formidable et une fille épatante, que vous avez déjà pu rencontrer quand elle est venue à Utopia présenter ses documentaires précédents : Caravane 55 en 2004 et en 2008 Kings of the world, inoubliable balade dans l'Amérique profonde ; et vous aviez continué à parler avec elle bien après les dernières images tant le film vous avait emballés et tant elle avait à dire… Elle revient avec un film qui nous a complètement emballés : un portrait, mais un portrait qui déborde bien au-delà de la personnalité attachante de Smaïn et peut nourrir un débat immense sur la société telle qu'elle va, portrait d'une jeunesse, d'une ville, d'un pays…

Smaïn est un jeune français d'origine maghrébine, il habite Nanterre, Cité Picasso (vous connaissez peut-être ces immeubles tout en rondeurs et en nuages bleus qu'on voit en sortant de la Défense)… Pendant plusieurs années, il a passé ses journées à dealer en bas des tours, voler dans les magasins, tabasser les gens dans le RER, rater l'école, aller en prison, regarder ses frères mourir d'overdose, du sida, se suicider… et puis un jour Smaïn a décidé que ce n'était pas une vie, a arrêté la délinquance, a quitté l'appartement familial… Doué en informatique, il a trouvé du travail dans l'une des tours de la Défense, vit dans un studio. La journée, en costard cravate, il dépanne depuis son téléphone, et avec le sourire, les utilisateurs malheureux bloqués derrière leur ordinateur (peut-être même l'avez vous eu un jour au téléphone !) Le soir, il rentre avec son scooter flambant neuf, remet son jean et ses baskets…
Anna Pitoun a habité dans ces immeubles, mais tandis qu'elle passait ses journées à la fac pour étudier le droit, des dizaines de jeunes traînaient au pied des immeubles du matin au soir. Beaucoup étaient intelligents, drôles, et pour certains avaient un franc parler revigorant. Tous avaient la certitude absolue que rien de très intéressant ne s'ouvrirait jamais à eux. Une absence de confiance en eux-mêmes et dans les autres, une solitude immense. A part « dealer » ou participer à quelques « plans »… rien de très excitant. Le soir quand elle rentrait chez elle, ils lui demandaient des détails de procédure pénale « vite fait, pour un pote » et avec le temps, elle a fini par avoir avec eux de vraies discussions juridiques au pied des escaliers… Quand elle a eu son diplôme d'avocate, elle a décidé d'arrêter le droit et s'est mise à faire des documentaires, histoire de « travailler en amont des procès » au changement des mentalités. « J'ai proposé à certains d'entre eux de faire un film… et c'est ainsi que j'ai rencontré Smaïn ».
Devant la caméra d'Anna Pitoun (superbes images !), Smaïn parle, librement, tranquillement, de son enfance dans la cité, de son adolescence, de la drogue qui détruit ses frères, de sa solitude lorsque son père perd son emploi, de ses espoirs de richesse, de la prison qu'il vit comme un électrochoc, des travailleurs sociaux qui l'aideront à se découvrir une passion pour l'informatique, de son retour à la légalité, lent et difficile, de la drogue qu'il ne vend plus mais qu'il consomme pour tenir le coup, de l'islam qu'il voit se transformer en une religion qu'il ne reconnaît pas, de la société française, qu'il vit comme intensément sienne, de la politique qui le passionne et le déçoit…

« Ce film pourrait être le portrait d'une jeunesse française en banlieue. Il se veut surtout un temps suspendu. Un moment pris en dehors de l'urgence et des explosions qui caractérisent la plupart des discours sur les jeunes de cité. Une parole qui s'étire sur plusieurs saisons, que l'on voit passer par la fenêtre d'une des fameuses "tours Aullaud" de la cité Pablo Picasso. » C'est un film qui touche, c'est un film qui marque durablement et comme on se doute qu'en sortant vous aurez envie de prolonger le plaisir, on vous suggère d'improviser un pique nique-collectif dans le hall : apportez chacun quelque chose à grignoter, et vous pourrez papoter avec Anna Pitoun autant que vous voudrez…

Lien : https://toulouse.demosphere.net/rv/3192
Source : http://www.cinemas-utopia.org/toulouse/index....