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lundi 19 mars 2012 à 20h30

Ciné-débat: "Le soliste"

Soirée Débat sur la Schizophrénie dans le cadre de la 23e Semaine d'information sur la Santé Mentale (SISM) du 12 au 18 mars, organisée par l'association UNAFAM et qui a pour thème cette année : Culture, sociéte et sante mentale. Séance unique suivie d'un débat avec une psychiatre et un membre de l'association (achetez vos places dès le 9 mars aux tarifs habituels du cinéma).

LE SOLISTE

Joe WRIGHT - USA 2009 1h57mn VOSTF - avec Jamie Foxx, Robert Downey Jr, Catherine Keener, Tom Hollander, Lisa Gray Hamilton... Scénario de Susannah Grant, d'après le livre de Steve Lopez.

LE SOLISTE

« Le silence qui suit la musique, c'est encore de la musique… » Le Soliste, c'est tout à fait ça : un film qui fait écho, qui vous reste, qui vous nourrit au delà de lui-même. À quoi cela tient-il ? À l'interprétation magistrale des acteurs, Jamie Foxx (qui incarna Ray Charles), Robert Downey Jr ? À bien y réfléchir c'est un tout. Ça aurait pu être une production hollywoodienne de plus… Mais voilà, quand Hollywood met tous ses artifices et sa puissance de feu au service d'un cinéma d'une grande humanité, ça donne une fichue ampleur à cette histoire de rencontre et d'amitié qui dépasse les clichés. Une histoire vraie qui fut d'abord publiée en feuilleton dans le Los Angeles Times…

Avril 2005, Steve Lopez est donc chroniqueur dans un grand quotidien de Los Angeles. Bon chroniqueur sans doute, un vieux routard qui sait aguicher, appâter le lecteur. Un qui vous conduirait du bout des mots à vous émouvoir devant des banalités insipides. Et c'est, dans le fond, un peu ce qu'on lui demande : ne pas faire de vague, rester dans le consensus. Quelque part cette routine lui va bien, même s'il n'a pas de quoi être fier. Distant, un peu hermétique à la compassion, aux autres, incapable de s'engager… C'est un être qui a cessé de vibrer et toute sa vie semble s'être limitée à ce diapason facile, même s'il sent de manière diffuse qu'il y a comme une fausse note.
Est-ce parce qu'il tombe littéralement sur la tête ou qu'il est désormais mûr à point grâce à cette prise de conscience qui résonne en lui, s'amplifie, qu'il aperçoit enfin un de ceux qui fourmillent dans cette ville ? Un SDF parmi tant d'autres : Nathaniel Ayers Junior… Un personnage haut en couleurs avec son caddie, dans lequel il trimballe pêle-mêle son lit, son incroyable garde robe: toute sa vie… Et surtout, surtout : son violon ! Un violon déglingué dont il tire avec passion des sons étranges.
Steve n'y voit d'abord qu'un sujet de plus, comprenant aussitôt le profit qu'il peut en tirer : « Alors, euh c'est l'histoire d'un mec… Ancien élève d'une prestigieuse université, musicien de génie, promis à une carrière internationale de soliste… Un ange tombé dans la fange, un Mozart des rues déchu. » Voilà matière à émouvoir dans les chaumières. Une enquête à mener sur des rails, pépère… Sauf que son sujet va vite le dépasser. À peine croisé déjà disparu, mais l'image de Nathaniel le hante, le subjugue. Quelque chose flatte son ego : il endosserait bien, avec une naïveté presque enfantine, le costume facile du super héros pourfendeur de la misère. Il sauverait son personnage de la rue, il retirerait l'enfant sauvage des griffes du loup pour le ramener à la civilisation et ses délices. Mais Nathaniel reste indomptable, ce drôle d'errant va vite renvoyer le chroniqueur à ses propres errances, à la vacuité de sa vie. La passion pour la musique qui l'habite, cet état de grâce que Steve ne peut que se contenter d'observer sans même oser espérer un jour l'atteindre, le dénude, le rend vulnérable, le bouleverse, l'oblige à une révolution intérieure inattendue. Sa chronique s'éloigne peu à peu de la complaisance pour devenir une histoire de vie, l'histoire de sa vie autant que celle de son personnage.

Même si ce film nous entraîne dans les bas fonds de Los Angeles, le quartier de Skid Row, c'est loin d'être du documentaire. La caméra capte avec jubilation et lyrisme autant le luxe de la ville que sa misère sans jamais sombrer dans le misérabilisme. Et ces gueules incroyables qui vous racontent, mieux que des mots l'histoire d'une vie, de ses ruptures, de ses pertes, de ses joies !

Lien : https://toulouse.demosphere.net/rv/3553